RAPPORT DE GESTION CRISE
Station Jericho, système Horizon 2315-10-12
par Cormac Alcantar, coordinateur attaché à la cellule de crise
Après la déclaration du moratoire sur la colonisation et l’exploitation d’Horizon C, la station Jericho a traversé une période extrêmement volatile marquée par le chaos, l’incertitude et des défaillances constantes des différents systèmes essentiels de la station spatiale. Un stress énorme a été placé sur le personnel comme les infrastructures technologiques dont dépend le Projet Horizon. La survie même du projet colonial était alors incertaine.
L’assistance du personnel du District Opérationnel a été cruciale pour traverser la crise et implémenter des solutions aux problèmes auxquels faisait face Jericho. Ces stratégies n’étaient pas toujours parfaites, mais elles se sont toutes montrées effectives à répondre aux besoins de la station et à stabiliser la situation précaire qui menaçait la pérennité du Projet Horizon.
Ce rapport retrace les actions qui ont été menées sous la guidance du District Opérationnel dans les différents dossiers qui leurs avaient été délégués. Le présent document présente également une analyse des impacts des décisions prises et des problèmes qui persistent dans la station Jericho après le travail acharné des dernières semaines.
Les autorités de la station Jericho avaient initialement identifié 9 points de vulnérabilité qui pourraient tous individuellement atteindre un état de dégradation critique et menacer la survie de la station spatiale:
- Administration
- Atmosphère
- Crime
- Eau
- Énergie
- Habitation
- Masses populaires
- Relations corporatives
- Santé publique
Parmi ces points de vulnérabilité, l’administration, l’eau, l’énergie, l’habitation et les masses populaires présentaient les risques les plus élevés et le plus grand potentiel en matière d’intervention. Les employés du District Opérationnel ont été invités à développer des stratégies pour stabiliser ces dossiers critiques en faisant attention à ne pas ajouter trop de stress sur d’autres points de vulnérabilité.
ADMINISTRATION
Dans le dossier de l’administration, il a été exposé aux employés qu’une portion significative du personnel administratif de la station spatiale était sous-qualifiée pour les besoins réels du Projet Horizon.
Afin de répondre à ce déficit d’expertise, les responsables du dossier ont convenu de soumettre le personnel administratif et des traitements à base d’Engram, une drogue permettant d’acquérir des souvenirs et ainsi de suivre un entraînement professionnel accéléré. Cette drogue au coût prohibitif a nécessité des emprunts importants de la part de la station Jericho.
Le District Opérationnel a choisi de confier la production et le financement à Nephilim Trust. Aucun compromis n’a été fait sur la qualité ou les coûts des traitements, le dossier administratif étant clairement une priorité pour les personnes mises en charge du problème. Les souvenirs ainsi transmis vont conférer un savoir théorique et une expertise précieuse en planification.
Toutefois, la fabrication de cette drogue avancée a requis certains sacrifices. Hormis la dette importante de la station envers son nouveau créancier, des coupures ont dues être être faites dans le secteur des biotechnologies, affectant particulièrement la production locale de traitements de pointes et d’organes de remplacement par Nephilim.
La cellule de crise s’attend à une hausse de la mortalité à moyen terme pour les maladies graves, de même qu’une demande accrue pour les organes de contrebande. Aussi, les traitements de thérapie mémorielle vont temporairement accroître la pénurie de personnel en administration, la qualité des soins choisis exigeant des longs congés pour le personnel en traitement.
La haute direction, la gestion des opérations et les services financiers vont recevoir ces traitements en priorité, tandis que la direction de l’information et la direction scientifique seront traitées en dernier. Malgré certaines discussions préliminaires, aucune discrimation positive envers le personnel ceinturien n’a été implémentée.
EAU
La pénurie d’eau sur la station Jericho était un résultat prévisible de la surpopulation. Pour répondre à ce problème, le District Opérationnel a choisi de déployer une flottille de navettes de ravitaillement pour aller chercher l’eau manquante dans le système Horizon.
Afin d’assurer que les pilotes du spatioport prennent le temps d’effectuer ces missions de ravitaillement, un système de quota minimum a été mis en place sur la station Jericho, avec des pénalités financières pour les pilotes ne s’investissant pas assez dans l’approvisionnement en eau. Ce système de quota crée également un précédent pour Jericho advenant de futures situations de pénurie, en plus de sécuriser des revenus.
Les pilotes sont orientés vers la lune aquatique B1 pour une collecte abondante et productive, laquelle va être acheminée directement dans les systèmes de survie de la station Jericho, dont les filtres récemment mis à jour sous l’initiative de Kanopi Alliance permettent une distribution large et sécuritaire de l’eau collectée pour tous les habitants.
Pour faciliter le travail des pilotes, une station relais de repos, de ravitaillement et de maintenance a été construite, le contrat attribué à une sous-contractante indépendante, Ellie Vertigo, dont les services étaient offerts à coûts compétitifs. La station Vertigo est maintenant en opération en orbite d’Horizon B, et son ravitaillement sous la responsabilité de Goodman Industries.
La gestion du dossier de l’eau s’est montrée particulièrement économe, bien qu’elle cause du mécontentement chez les pilotes de navette, dont la charge de travail cumulative est très élevée.
ÉNERGIE
Le réacteur central de la station Jericho peine à répondre à la demande, causant de fréquentes pannes et surcharges du système électrique. Face à ce manque d’énergie, le District Opérationnel a recommandé l’installation de génératrices d’appoint dans toute la station, utilisant des déchets organiques humains comme source de carburant pour la combustion.
Kanopi Alliance a été sélectionnée pour fournir ces génératrices, leur design écologique permettant de minimiser les odeurs et les impacts sur la qualité de l’air. La maintenance complexe de ces modèles de dernière génération a été mitigée par l’instauration de technologie de surveillance électronique, permettant de mieux prévenir les bris. L’utilisation de ces génératrices et le processus entourant leur installation ont été expliqués par une campagne de publicité économe, bien qu’agressive.
L’installation de ces machines n’est toutefois pas sans impact. Leur installation a été décrétée comme prioritaire par le District Opérationnel, forçant le déplacement de plusieurs industries et espaces d’habitation pour assurer des emplacements sécuritaires et faciles d’accès pour le ravitaillement en carburant organique.
Un ralentissement à court terme de la production industrielle et agro-alimentaire est à prévoir, tandis que les contrecoups sociaux risquent de s’étaler dans le temps en raison des évictions causées dans les secteurs d’habitation.
HABITATION
Avec la surpopulation causée par le moratoire colonial, la question de l’habitation était une situation criante. Afin de réduire la pression sur les habitats conventionnels de même que les campements temporaires, il a été suggéré par le District Opérationnel que la résilience du personnel ceinturien pouvait être mise à contribution en aménageant des habitats dans des conteneurs, lesquels seraient attachés à la coque de la station Jericho.
Réservés aux Ceinturiens, ces espaces étaient initialement assez rudimentaires et le personnel de Jericho a dû faire usage de contrainte pour pousser le personnel visé à s’y installer. Une mobilisation populaire s’est organisée en réaction à ces évictions et à ce qui a été décrit par des critiques comme la création d’un ghetto, mais avec l’assistance du personnel du District Opérationnel, les manifestations n’ont pas escaladées en émeute.
Par la suite, il a été décidé de recouvrir les conteneurs d’une coque rudimentaire pour mieux les protéger du vide spatial et des radiations stellaires, un investissement coûteux et à risque de causer une pénurie à court terme de métaux, mais qui augmente l’habitabilité des conteneurs à un degré plus acceptable. Combinées avec des politiques d’exceptions familiales permettant aux Ceinturiens en relation avec des non-Ceinturiens de vivre avec leurs partenaires, ces décisions populaires sont parvenues à réduire la résistance au projet, bien que le mécontentement demeure significatif.
MASSES POPULAIRES
Le personnel de sécurité de la station Jericho n’avait jamais été préparé à maintenir la paix et l’ordre public entre des milliers d’employés corporatifs et de colons civils. La réalité de la station Jericho demandait une nouvelle stratégie, aussi le personnel du District Opérationnel a-t-il suggéré d’instaurer une conscription corporative, chapeautée par la Commission Trilatérale et demandant à chaque mégacorporation de fournir du personnel pour assister les forces de sécurité de la station.
Cette mesure a rencontré initialement une certaine résistance, plusieurs corporations y voyant un abus de pouvoir de la part de la station Jericho. Toutefois, le Projet Horizon étant ultimement une entreprise de la Commission Trilatérale, les mégacorporations ont été contraintes à coopérer, malheureusement au détriment des relations corporatives.
L’attribution des forces de sécurité des mégacorporations à différents secteurs de la station a été laissée à la discrétion du District Opérationnel. Jusqu’à présent, ces déploiements présentent un niveau d’acceptabilité sociale élevée chez les populations visées, avec un nombre de plaintes et d’interventions violentes inférieures aux estimés des forces de sécurité de Jericho, en particulier dans les conteneurs de Ceinturiens (supervisés par APEX), les hangars des migrants terriens (sous la surveillance d’Atlas) et les divers campements temporaires.
Toutefois, des irrégularités semblent apparaître dans les rapports concernant le crime sur la station. Le personnel de sécurité de Insta-Vie, positionné dans les dortoirs en plein centre du district d’habitation, signale une forte présence du crime organisé, tandis que peu d’activités criminelles sont rapportées dans les autres zones d’habitation en périphérie.