Prologue: Contrecoup – Kanopie Alliance
Sur la station Jericho, deux employés d’entretien enfilent des combinaisons étanches dans un sas.
Assis sur une bonbonne de produit nettoyant, luttant avec une grosse botte de caoutchouc, l’un lance à l’autre : « Eille Isa, j’ai pas trop suivi le brief, qu’est-ce qu’on va nettoyer exactement? D’habitude quand on enfile des hazmat c’est pour déboucher les recycleurs à déchets organique, mais y’a clairement pas ça ici »
Isa, ayant clairement déjà fini de mettre sa combinaison, les bras croisés et tapant du pied avec impatience, dit à son collègue : «Crime Ayako je sais pas qu’est-ce que tu prends mais faut que t’arrête il te reste clairement pas plus que 3 neurones. C’est un hangar de stockage à moitié converti en camp pour le monde de trop. Pis apparemment qu’un genre de champignon s’est mis à pousser vraiment rapidement à partir d’un tas de déchets et ils ont dû faire évacuer le gens.
– Aaah shit… Pas encore des trucs que les foutu employés de Kanopi ont ramenés de la planète? On fait juste ça depuis une semaine ramasser des mousses bizarres dans des conduits de ventilation… Pis en passant, je te l’ai déjà dit, je prends rien de physique, c’est un nouveau truc 100% numérique straight dans mon implant y’a pas d’effets secondaires … »
Ayako se lève après avoir fini de mettre son habit puis il active l’ouverture du sas. La première chose qui choque les deux employés après l’ouverture du hangar est la visibilité extrêmement réduite par un brouillard formé de fines particules bleutées remplissant le hangar. Les particules forment d’abord une fine couche bleu-gris sur le dessus des surfaces, mais à mesure que les employés s’enfoncent dans le périmètre contaminé, la couche est de plus en plus épaisse, telle un filtre organique. Elle s’accroche aux surfaces tant verticales qu’horizontales.
À mesure que les deux employés s’approchent du centre du hangar circulaire, quittant la zone des conteneurs de stockage pour rejoindre le camp de réfugiés, leurs bottes s’enfoncent dans l’étrange tapis humide, dont l’épaisseur doit maintenant au moins atteindre les dix centimètres.
Ayako pousse une exclamation alors qu’il manque de trébucher sur une longue tige organique incrustée dans la substance. Tandis que son collègue se relève, Isa laisse glisser son regard sur la tige, tentant de remonter à sa source, où elle en rejoint une panoplie d’autres, plus grosses, au plafond, certaines se forçant un chemin dans les conduits de ventilation.
C’est alors que leurs yeux ébahis font leur chemin jusqu’à la structure principale : sur un conteneur ayant visiblement servi de toilette publique aux réfugiés, une structure d’allure fongique, de la taille d’un arbre, trône sur ce qui était hier encore un lieu habité.
Presque simultanément, les deux laissent tomber leurs bras mollement le long de leurs corps, en proie à un découragement extrême.
«What. The. Fuck!»