Kanopi Alliance

Kanopi Alliance dispose d'une expertise inégalée en matière d'écosystèmes, aussi bien naturels qu'artificiels. Capable de concevoir des biomes fermés autosuffisants, Kanopi vend ses services pour les habitats spatiaux, villes dômes et autres bunkers sous-terrains. Elle utilise un savant mélange d'espèces vivantes, qu'il s'agisse de microbes, de plantes ou d'insectes, concevant un écosystème artificiel capable de générer son propre oxygène, de filtrer les déchets et de produire des denrées utiles. Kanopi exploite également son quasi-monopole sur les habitats naturels pour poursuivre la recherche en matière de synergie du vivant. Avec la création de concepts comme l'ingénierie écologique, les interactions entre les êtres vivants que Kanopi découvre et parvient à reproduire artificiellement peuvent être brevetés et commercialisés par l'entreprise. À ce titre, la plupart des réserves naturelles étudiées par la mégacorporation sont entièrement fermées au public, ou sujettes à des politiques de contrôle extrêmement sévères, de sorte que la nature sauvage est devenue pratiquement inaccessible pour la plupart des Terriens. Il n'est pas rare que les gardes forestiers de l'Alliance tirent à vue sur des civils qui s'aventurent en territoire restreint, considérant qu'il s'agit de braconniers ou, pire, de biologistes clandestins cherchant à les dérober de leur propriété intellectuelle. Pour Kanopi, toute étude des habitats naturels qui échappe à sa supervision est synonyme d'espionnage industriel et doit être stoppée.

Kanopi Alliance est un titan de la production agroalimentaire, contrôlant directement plus de 75% de la production agricole et de l'élevage dans le Système solaire, et à peu près toute la foresterie. La mégacorporation exerce aussi une influence considérable sur les petits producteurs qui se partagent les miettes de la production restante grâce à son monopole pratique sur les fertilisants, les semences et les élevages reproducteurs. Désireux de préserver l'environnement tout en maximisant la production, Kanopi utilise des techniques agricoles post-industrielles basées sur les pesticides naturels, les biocarburants, les organismes génétiquement modifiés et des cultures mixtes qui forment de véritables écosystèmes agraires. L'entreprise développe également des productions extrêmophiles capables de se développer dans des zones contaminées, en 0G ou dans des environnements aux températures extrêmes, les insectes comestibles et certaines plantes expérimentales co-créés avec Chrysalide Ltd offrant les meilleurs résultats. Beaucoup considèrent comme dangereux le quasi-monopole alimentaire de la mégacorporation, bien que Kanopi Alliance se défende d'avoir la moindre intention d'en faire usage pour obtenir un levier politique.

Le marché des données est d'une importance capitale dans l'économie du 25ème siècle, et dans le monde du vivant, c'est sous la forme d'ADN que l'information prend forme. Les archives génétiques de l'Alliance ne connaissent pas de compétition dans le Système solaire, et la mégacorporation ne cesse d'accroître son avance par le séquençage méthodique des gênes de toute nouvelle espèce découverte, et de toute mutation génétique observée. Grâce à ses laboratoires et ses équipes de biologistes hors pair, Kanopi parvient à identifier le rôle de chaque nouveau gène, lui conférant ainsi la propriété intellectuelle exclusive d'une proportion toujours croissante du code génétique du vivant. L'entreprise tire alors des profits importants en imposant des redevances aux autres corporations désireuses d'utiliser ces gênes pour leurs recherches ou leurs activités. Plusieurs individus sujets à des conditions génétiques rares ou inconnues sont même payés par Kanopi afin que l'entreprise puisse étudier leur génome, les gènes humains ayant une valeur ajoutée sur le marché. Advenant un refus de la part des sujets, il n'est pas rare que la mégacorporation mobilise des ressources et des moyens extrêmes pour mettre la main sur le matériel génétique convoité, la rumeur voulant que l'entreprise emploie même des chasseurs spécialisés à cet effet, bien que ces activités soient hautement questionnables.

Corriger les dommages à l'environnement, fertiliser les océans, irriguer des déserts, faire fleurir d'anciens dépotoirs, modifier l'atmosphère d'un planétoïde ou implanter la vie sur une planète aride; ce sont autant d'applications techniques dans lesquelles Kanopi Alliance excelle, et grâce auxquelles la mégacorporation prospère. En modifiant des environnements hostiles, suboptimaux ou inaccessibles, l'entreprise crée de la valeur et ouvre des zones au développement. Kanopi facture bien sûr lourdement cette expertise aux communautés désireuses d'améliorer leurs conditions de vie, acceptant des paiements en espèce ou en obtenant la propriété des parcelles de choix ainsi débloquée. La présence de la mégacorporation se fait d'ailleurs de plus en plus sentir dans l'espace, où la géo-ingénierie est employée comme complément ou comme alternative douce aux méthodes plus invasives de terraformation.

Le quasi-monopole de Kanopi Alliance sur une nature plus éparse et plus inaccessible que jamais ne manque pas de lui offrir des possibilités de marchandisation inédites. Dans un monde où des milliards de personnes grandissent sans voir la moindre forêt, ou même un seul arbre, où insectes et barres caloriques représentent la base de la diète de plusieurs, et où la plupart des animaux sont si rares qu'ils en deviennent des créatures mythiques, la nature devient un luxe qui peut être vendu aux plus offrants. Animaux de compagnie, objets de bois authentique, viandes véritables et fruits frais sont commercialisés sans honte, leurs prix gonflés par la rareté et l'aura presque mystique que dégagent ces denrées d'un autre temps. Pareillement, les safaris, expéditions en nature, stations de plongée et autres zoos administrés par la mégacorporation permettent aux élites et aux chanceux de goûter à leur part de nature. La soif de profit a d'ailleurs poussé Kanopi à diverger un brin de sa vocation de préservation, allant jusqu'à modifier génétiquement des espèces expressément pour répondre aux caprices de ses clients les plus aisés.